
Les ateliers de sculpture de Saint-Romuald
L’atelier Villeneuve
L’atelier Villeneuve Ferdinand Villeneuve naît le 8 décembre 1831 à Charlesbourg dans le Bas-Canada. En 1847, alors âgé de 15 ans, Ferdinand Villeneuve commence comme apprenti dans l’atelier du maître-sculpteur André-Raphaël Giroux à Québec. La formation qu’il acquiert pendant six ans le rattache à ce qu’on appelle l’école de Québec, une lignée d’artistes influencés par Thomas Baillairgé qui laissera une marque profonde sur son œuvre.
En 1852, Villeneuve ouvre son propre atelier à Québec spécialisé dans les plans, l’ornementation intérieure et l’ameublement des églises. En 1855 il travaille dans les chantiers de Giroux, particulièrement, entre 1854 et 1857, à la sculpture du décor intérieur de l’église Notre-Damedes-Victoires à Québec. Après son mariage en 1859, il s’établit à Saint-Isidore de Lauzon, où il avait obtenu un important contrat de décoration de l’église paroissiale. De 1858 à 1868, il est amené à concevoir et à exécuter tout le décor intérieur et l’ameublement liturgique du temple.
En 1868, Villeneuve retourne à Saint-Romuald où il ouvre une petite boutique. Entre 1869 et 1873, il y acquiert divers terrains et maisons. Surtout, il établit un atelier spécialisé dans la conception, l’ornementation et l’ameublement des églises. Cette entreprise, très importante à l’époque, loge dans un bâtiment de trois étages, aujourd’hui disparu. Au premier étage, on y fait le sciage, le planage et le collage du bois. Au second, on retrouve les ateliers de dessin, de menuiserie et de sculpture. Finalement le troisième étage est utilisé pour le travail de peinture, de vernissage et de dorure. Dès son installation, il engage le menuisier Louis Saint-Hilaire. Louis aide Ferdinand à fabriquer, entre autres, les autels de l’église de Saint-Romuald. Au milieu des années 1870, on compte quelques apprentis, dont son deuxième fils Joseph, de même que Joseph Saint-Hilaire, fils de Louis, et Joseph Gagnon. Administrateur, Ferdinand Villeneuve se réserve le travail d’ornementiste et de dessinateur. Il emploie jusqu’à 22 personnes.
Les dix premières années de Villeneuve à Saint-Romuald sont non seulement les plus actives de sa carrière, mais elles contribuent largement à asseoir sa réputation dans le domaine de l’architecture et de la sculpture.
À compter des années 1890, Villeneuve semble de plus en plus partager avec son fils Joseph les contrats donnés à son atelier de Saint-Romuald et lui laisse une grande partie de la direction de l’entreprise familiale. En 1900, les commandes sont abondantes et l’entreprise fonctionne à plein rendement, la production étant très importante. Mais Ferdinand Villeneuve est âgé de près de 70 ans et il veut se retirer. Il transfère donc ses intérêts à son fils Joseph, qui après avoir fait des études en médecine décide de se consacrer à la sculpture. Il obtient un premier contrat pour la réalisation de la sculpture de trois autels pour l’église Saint-François de l’Île d’Orléans. La même année, il forme la compagnie Jos. Villeneuve Ltée.
En 1901, il présente un autel à l’Exposition provinciale de Québec et remporte une médaille d’or.
En 1903, Lauréat Vallière entre dans la compagnie comme apprenti et l’année suivante, J.- Georges Trudelle commence à travailler comme premier sculpteur.
En 1913, Alphonse Houde est engagé comme menuisier-ébéniste spécialisé dans l’assemblage et l’installation d’ameublement d’églises. Son travail comme ébéniste et comme dessinateur est remarquable. En 1928, il devient gérant de l’atelier Jos. Villeneuve et en 1943 il quitte la compagnie pour aller travailler chez Ferland et Frères à Saint-Jean Chrysostome.
En 1918, Lauréat Vallière est engagé dans l’atelier Jos. Villeneuve. À l’époque, sept sculpteurs y travaillent à temps plein. Lauréat est chargé de l’ornementation, de la sculpture et de la statuaire. Il collabore à tous les contrats obtenus par l’atelier. Vallière a un statut particulier au sein de la compagnie : il est libre dans ses horaires, il travaillait à la pièce, une partie spéciale du bâtiment lui est destinée et il peut aussi travailler à son compte.
Après le décès de Joseph Villeneuve en 1923, son épouse Anne Larochelle assume la direction et devient présidente de l’atelier. J.-Georges Trudelle remplit les fonctions de gérant et de secrétaire-trésorier. C’est à cette époque que les deux fils de Georges, Armand et Henri, commencent à travailler dans l’atelier. En 1928, Trudelle quitte la compagnie pour ouvrir sa propre boutique et Alphonse Houde est nommé gérant des opérations.
En 1929, la compagnie Jos. Villeneuve est très reconnue pour ses travaux, un peu partout au Québec.
À partir de 1939, certains événements vont changer le cours des activités de l’atelier Villeneuve. En premier lieu, la guerre apporte des restrictions qui obligent la compagnie à réorienter sa production. Ensuite, des changements ont lieu au niveau des dirigeants. En conséquence, en 1943 l’atelier Villeneuve se transforme en une entreprise industrielle avec la production de meubles en série.
Malgré ses hauts et ses bas, la compagnie Jos. Villeneuve Limitée poursuivra ses activités dans l’ornementation et l’ameublement jusqu’au milieu du siècle. En 1950 les changements opérés dans la compagnie (la vente des actions, le nouvel emplacement à Charny et les nouvelles directives), se précipitent. Cette année-là, les anciens employés voient l’atelier fermer ses portes pour finalement disparaître. La bâtisse à trois étages qui avait abrité l’entreprise familiale à Saint-Romuald est démolie.
Pendant un temps, coexistaient à Saint-Romuald trois ateliers de sculpture qui employaient près d’une centaine d’hommes et qui diffusaient leurs œuvres un peu partout au Canada et en certaines parties des États-Unis.
La carrière et l’œuvre de Ferdinand Villeneuve se situent à la jonction de deux grandes écoles d’architectes-sculpteurs: l’école de Québec, à laquelle il a été formé, et l’école de Saint-Romuald dont il est l’initiateur.
Ferdinand Villeneuve décède à Saint-Romuald le 4 septembre 1909.
Quelques œuvres de l’atelier Villeneuve (Ferdinand et Joseph)*
- En 1874, Ferdinand Villeneuve travaille avec l’aide de Louis Saint-Hilaire aux trois autels de l’église de Saint-Romuald, d’après les plans fournis par un architecte de Munich, dénommé Schneider de même qu’à la chaire du temple. À la fin de 1874, il entreprend, à Saint-Joseph de Lauzon, la fabrication d’un imposant maître-autel pour l’église de la paroisse. Ce retable- tabernacle, inspiré d’un plan de style byzantin dessiné par Schneider, comporte sept statuettes et un relief du Bon Pasteur.
- En 1876-1877, outre la fabrication des buffets et confessionnaux pour la nouvelle église de Sainte-Anne-de-Beaupré, Villeneuve sculpte, encore avec succès, d’après ses propres dessins inspirés de l’ordre corinthien, l’autel principal de l’église de Saint-Anselme, pour laquelle il réalise aussi deux niches et peut-être un autel latéral.
- En 1878, il fabrique, d’après ses plans, l’autel principal de l’église de Saint-Sauveur, à Québec, et toute l’ornementation intérieure et le maître-autel de la chapelle du Sacré-Cœur, voisine du couvent Jésus-Marie de Lauzon. Cette dernière réalisation, de style corinthien, lui attire une fois de plus des éloges.
- Entre 1882 et 1887, il effectue de nombreux travaux de menuiserie et de peinture à l’école des Frères de la doctrine chrétienne de même qu’à l’église et au presbytère de Saint-Romuald. Pendant l’année 1887, la fabrique de Saint-François (à Beauceville) lui confie l’exécution de trois autels et la construction de galeries et d’une seconde tribune.
- En 1891, il sculpte, d’après les plans de Georges-Émile Tanguay, les autels ainsi que la chaire et l’abat-voix de l’église de Saint-Médard, à Warwick. Vers la même période, il est chargé de la fabrication de la chaire de l’église de Pointe-Gatineau (Gatineau).
- En 1894, Villeneuve obtient le contrat de l’exécution du maître-autel, dessiné par Ouellet, pour l’église de Saint-Michel, dans le comté de Bellechasse. Il signe également un devis pour l’ornementation du chœur de cette église.
- En 1895, il travaille pour la paroisse de Saint-Elzéar, en Beauce.
Contrats de Joseph Villeneuve
- Vers 1900 Joseph exécute de nombreux travaux de décoration et d’ameublement liturgique, notamment dans les églises de Sainte-Anne de Chicoutimi-Nord (Chicoutimi), Saint-François, à l’île d’Orléans, Saint-Odilon, dans le canton de Cranbourne, Notre-Dame-de-l’Immaculée à Notre-Dame-de-Laterrière (Laterrière) et Saint-Isidore, là même où son père avait commencé sa carrière.
- Il obtient des contrats pour plusieurs églises, entre autres : cathédrale de Saint-Hyacinthe; cathédrale de Chicoutimi; église de Saint-Sauveur à Québec ; église de Saint-Malo à Québec; église de Limoilou; église de Stadacona; église Saint-François-d’ Assise à Québec; église Rockland en Ontario; Fall River, U.S.A; Saint-Eugène, l’Islet; Pointe-au-Pic à Charlevoix; l’Anse au foin, Saskatoon; Saint-Zotique à Montréal; Saint-Sauveur; Normandin et Notre-Dame de Lévis.
* Les travaux énumérés ici représentent seulement une partie de l’œuvre de l’atelier Villeneuve. Pour l’ensemble se référer au livre de Léopold Désy.
Bibliographie
Désy, Léopold, Lauréat Vallière et l’École de sculpture de Saint-Romuald, 1852-1973, Les Éditions La Liberté, 1983. Dictionnaire biographique du Canada, site Internet : http://www.biographi.ca/fr/index.php
















